LE COIN DU COACH ET LA PRISE DE PAROLE EN PUBLIC

A La Fabrique du Comédien nous sommes avant tout des artisans, des confectionneurs sur mesure d’un théâtre de qualité, à l’écoute et disponible. Ici chaque élève-comédien est pris est sérieux et respecté dans son intégralité.

Il est évident que le théâtre et la prise de parole en public vont bien ensemble.


→ Parce que nous travaillons avec l’être humain, et parce que chaque personnalité est différente, avec ses freins, son passé et ses aspirations, et son rythme qui lui est propre.

→ Parce que nous voulons que progrès théâtraux riment avec plaisir.

 

Alors nous avons décidé, il y a déjà plusieurs années, de nous enrichir des conseils et réflexions de Jean-Claude Zivie, psychanalyste-coach reconnu dans le milieu et extrêmement compétent (plus de 40 ans d’expérience à son actif).

 

Cette rubrique «Le coin du coach» est la sienne, est la vôtre. Composée de courts articles (sous forme de dialogues) qu’il écrit pour vous, elle permet réflexions et interrogations, notamment sur la gestion des émotions et la prise de parole en public. Essentielle au théâtre !

 

Article – Dialogue n° 1. Que faire de mes peurs ?

Article – Dialogue n° 2. Le trac : feux et contre-feux…

 

Jean-Claude Zivie. Psychanalyste – Coach



prise de parole en public et théâtre

« Que faire des mes peurs ? »

Psychanalyse, Coaching, Théâtre, Prise de parole en public

Le coin de l’accompagnement

 

ELLE
      J’ai peur. Oui, je vous le dis : j’ai peur. Pas tout le temps, mais parfois, de temps en temps, elles remontent, elles m’envahissent, elles m’étreignent, elles sont là, les craintes, les peurs. Alors, je tente de leur échapper, je cherche à les tromper, à les égarer, mais elles sont encore là. Je veux en parler, mais on se lasse de m’écouter…
     Vais-je me laisser dévorer par l’anxiété, l’angoisse? Il m’arrive même, dans une période de calme, d’avoir peur… d’avoir peur. Je n’ai plus de répit : quand la peur s’éloigne, au lieu de goûter le calme, c’est la peur de la peur qui prend le relais.
     Ah, je ne vous l’ai pas dit, je fais du théâtre, enfin, j’essaie… Je sais que c’est aussi un moyen d’exister, de s’affirmer, d’entrer en relation  avec les autres. Oui, j’aime le théâtre, et je sais que c’est bon pour moi, mais… j’ai peur, au point de ne pas pouvoir continuer, de me sentir angoissée, de vouloir tout arrêter.
     Et je ne vous dis pas comment se passent mes nuits. J’ai peur de dormir, laissant alors la place aux cauchemars qui s’empressent d’habiter mon sommeil !
     Je ne vois pas d’issue. Aujourd’hui ressemble à hier, et demain me menace tout autant, je le crains. Que faire ?

LUI
     Bon, ce n’est pas le courrier du miracle, ici ! Je ne vais pas vous livrer la solution clef en main en quelques mots, ou préconiser les choses à faire et celles à ne plus faire. Comme on dit, si c’était si simple, cela se saurait.
     Quelques remarques, seulement. Monter sur une scène, travailler un rôle, le jouer devant autrui, devant plusieurs, cela fait peur d’abord. Cependant, quand on est guidé par un professeur, plus tard par un metteur en scène, quand le travail se fait sans complaisance, mais dans la bienveillance, on constate que la peur paralysante tombe et, s’il reste quelque chose, c’est le trac, que je vous souhaite, car c’est un véritable ami, qui vous aide à vous rassembler et à assurer !
     Il est vrai qu’il y a d’autres peurs, plus intimes, plus profondes, plus tenaces, qui doivent être traitées à part. C’est alors l’objet d’un coaching, d’une psychanalyse, d’un accompagnement personnel individualisé.
     Un tel travail passe par la sécurité du cabinet du praticien et la construction d’une confiance fondée sur la durée. Il passe aussi par la tranquillisation du passé et la dynamisation du devenir.
     De ce travail, je vous parlerai dans ma prochaine chronique. A presto, alors !
 
© Jean-Claude Zivie


prise de parole en public

« Le trac : feux et contre-feux… »

Psychanalyse, Coaching, Théâtre, Prise de parole en public

Le coin de l’accompagnement



ELLE
L’autre jour, vous me disiez que je n’avais pas à m’inquiéter, que l’on ne fait pas du théâtre seul avec soi-même, et encore moins seul face au public. Vous disiez que l’on est dirigé par un professeur ou par un metteur en scène, dont la présence est rassurante, et que l’on n’est donc pas abandonné à soi-même. En somme, on n’est pas livré aux autres sans défense, disiez-vous.
     Mais alors, si l’élève ou le comédien sont tellement protégés, pourquoi faut-il qu’il y ait, pratiquement pour tout le monde, ce fameux, je devrais dire cet effroyable trac ?
LUI
     En fait, je ne vous disais pas vraiment de ne pas vous inquiéter, car je ne crois pas qu’une injonction du genre « Ne soyez pas coupable ! » ou bien « Ne soyez pas frustré ! », ou encore « Ne soyez pas angoissé ! », je ne crois pas qu’une telle injonction suffise, et je ne crois même pas qu’elle ait un sens.
     Par contre, quand les affects, même les plus pénibles, occupent tout le terrain, comme un incendie dévastateur, il n’est pas inutile d’allumer des contre-feux, afin de limiter les conquêtes des flammes.
     Eh bien, le contre-feu par excellence, face aux affects, il est du côté de l’intelligence et de la raison ! Il s’agit de regarder la situation dans toute sa réalité, et pas seulement à partir de ses émotions les plus élémentaires et les plus agressives …pour soi. On est alors bien plus complexe qu’une simple boule de peur.
     Pensez à Fanny, oui, Fanny dans le dernier film de Lola Doillon, Le voyage de Fanny.
     Fanny, si admirablement incarnée par Léonie Souchaud (âgée de treize ans !) est le personnage central d’une histoire vécue. En 1943, les circonstances amènent une toute jeune fille à devoir assumer la responsabilité d’un groupe d’enfants, des Juifs comme elle, qu’il s’agit de sauver en les sortant de la France de Vichy, malgré tous les risques mortels que l’on imagine.
     Cette très jeune fille, malgré ses angoisses et sa propre détresse, doit sans cesse, à la fois rassurer les autres enfants et les ramener à l’impitoyable réalité, pour prendre les décisions salvatrices et, nouvelle Moïse, conduire son groupe, de survie en survie, vers la liberté.
ELLE
     J’entends bien, et cela me touche beaucoup. Oui, beaucoup, et je sens que je n’oublierai plus Fanny.
     Mais… et le trac dans tout ça ?
LUI
     C’est promis, nous en parlerons la prochaine fois. Pour l’instant, pensez déjà aux incendies et aux contre-feux. Et, non ce n’est pas une pirouette finale, mais n’oubliez pas que le trac fait justement partie des contre-feux. Et ne vous disais-je pas la dernière fois qu’il vous aide à vous rassembler et à assurer ?
 
© Jean-Claude Zivie